Erg El Mhazil : le désert le plus secret du Maroc
Dans ce guide, nous vous aidons à comprendre ce qui fait la singularité d’El Mhazil. Comment s’y rendre ? Avec qui partir ? Et surtout : pourquoi choisir ce désert plutôt qu’un autre. Une ressource utile pour préparer un voyage qui ne ressemble à aucun autre.
Pourquoi parler d’Erg El Mhazil ?
Dans les récits de voyage au Maroc, l’Erg Chegaga revient souvent. L’Erg Chebbi aussi. Mais très peu parlent d’El Mhazil. Et c’est précisément pour cela qu’il mérite votre attention.
Situé au nord de Chegaga, quelque part entre les dunes, les regs et le parc national d’Iriki, El Mhazil ne s’affiche pas. Il ne se visite pas sans guide. Il ne s’organise pas depuis un hôtel. C’est un désert qu’on approche autrement, pour d’autres raisons.
Ici, pas de camp fixe, pas de file de dromadaires, pas de programme. Seulement le sable, le ciel, le silence. Un espace nu, sans repères, où l’on marche lentement, où l’on dort loin de tout, et où l’on se réveille face à l’horizon.
Erg El Mhazil ne s’adresse pas à tout le monde. Il parle aux voyageurs qui cherchent à disparaître un peu, le temps d’une nuit ou deux. À celles et ceux qui veulent faire l’expérience d’un désert qui n’a rien à vendre.
Où se trouve-t-il, et comment y aller ?
Erg El Mhazil se trouve quelque part entre M’Hamid et Foum Zguid, dans cette partie du désert marocain où les cartes deviennent floues. Officiellement, il se situe au nord de l’Erg Chegaga, à la lisière du parc national d’Iriki. Mais en réalité, il ne s’approche pas comme une destination classique. Il se rejoint. Il se mérite.
Depuis Marrakech, comptez environ huit à neuf heures de route pour atteindre Foum Zguid, en passant par Ouarzazate et Taznakht. De là, il faut encore deux à trois heures de piste en 4×4, en traversant les étendues caillouteuses du reg et les reliefs semi-dunaires du désert. Il n’y a pas de signalisation. Seuls les guides locaux savent reconnaître les repères invisibles qui mènent à El Mhazil.
Depuis M’Hamid El Ghizlane, l’approche est plus longue, mais plus progressive. On rejoint l’erg à pied, à dos de dromadaire ou en 4×4, à travers plusieurs jours de trek. Certains circuits combinent Chegaga, Oum Lâalag, puis El Mhazil.
Aucun GPS ne vous y guidera. Ici, les directions se prennent à l’instinct, à l’ombre d’un relief ou à la forme d’un oued. C’est une destination pour celles et ceux qui acceptent de lâcher prise, de suivre, de s’égarer un peu. Et c’est précisément ce qui rend l’arrivée si intense.
Que vit-on à El Mhazil ?
El Mhazil ne se visite pas comme une destination. Il se traverse lentement, en prenant le temps de sentir, de regarder, d’écouter. On y découvre le désert dans ce qu’il a de plus pur : le sable, le ciel, le vent, et le silence.
Les journées s’étirent sans horaire. On marche à son rythme dans une mer de dunes, sans autre repère que l’horizon. On grimpe une crête, on s’arrête, on regarde la lumière changer. Chaque geste devient simple, mais plein. S’asseoir, respirer, boire un thé chaud au petit matin, les pieds dans le sable encore frais.
Le soir venu, on installe un bivouac minimal. Le feu est allumé à la main. Le pain cuit sous la cendre. On dîne à la lueur des braises, parfois en silence, parfois en écoutant un chant nomade venu du fond de la nuit. Puis on s’allonge sous un ciel immense, sans éclairage, sans bruit, sans filtre. Et l’on s’endort, dans un calme que peu d’endroits savent offrir.
Venir à El Mhazil, c’est faire l’expérience d’un monde sans agitation, sans écran, sans décor inutile. Un retour à l’essentiel, brut et bienveillant.
Avec qui partir ?
Explorer l’Erg El Mhazil ne s’improvise pas. Il n’existe aucun camp fixe, aucune plateforme de réservation, et aucun balisage sur place. Pour partir, vous devez impérativement faire appel à un guide local. C’est une condition de sécurité, mais aussi de sens.
La majorité des départs s’organisent depuis Foum Zguid. Quelques agences locales y proposent des circuits de 2 jours / 1 nuit en 4×4, avec un bivouac installé au cœur des dunes. L’expérience inclut les repas, la tente nomade et le retour le lendemain. Ces séjours coûtent généralement entre 100 et 130 € par personne, en formule tout compris, pour un petit groupe de 2 à 4 personnes.
Pour une immersion plus longue ou plus lente, certains guides proposent des circuits sur mesure : trek à pied ou en dromadaire, nuit à la belle étoile, boucle incluant Chegaga ou Iriki. Ces formules plus confidentielles s’adressent aux voyageurs en quête d’isolement total. Comptez alors 150 à 250 € par personne, selon la durée et le niveau d’accompagnement.
Les guides les plus expérimentés sont issus de communautés nomades de la région. Ils assurent l’orientation, la sécurité, la cuisine, le feu, la parole autour du thé. Et surtout, ils partagent leur désert avec sobriété et respect.
Pour réserver, mieux vaut passer directement par les agences locales à Foum Zguid, ou vous faire recommander un guide par un contact fiable. Aucun circuit vers El Mhazil n’est aujourd’hui proposé sur les grandes plateformes internationales. Et c’est tant mieux.
Faut-il choisir El Mhazil plutôt que Chegaga ?
Chegaga ou El Mhazil ? Le choix dépend de ce que vous attendez du désert.
Erg Chegaga est plus connu, plus structuré, plus accessible. Depuis M’Hamid, il ne faut que deux heures de piste en 4×4 pour rejoindre les dunes. Sur place, une dizaine de camps permanents vous accueillent avec des tentes aménagées, douches, repas et parfois même électricité solaire. L’expérience reste forte, mais encadrée. Parfait pour une première immersion saharienne, confortable et dépaysante.
Erg El Mhazil, lui, est à l’écart. Aucun camp fixe. Aucun tour organisé depuis les grandes plateformes. Ici, tout est mobile : le bivouac se monte pour vous, à l’endroit choisi par votre guide. Vous êtes seuls au monde. Pas de bruit, pas de lumière, pas de route au loin. L’expérience est plus exigeante, mais aussi plus intime.
Deux visions du désert
Erg Chegaga | Erg El Mhazil | |
Fréquentation | Moyenne à haute, en saison | Très faible, désert quasi vierge |
Confort | Élevé selon le camp choisi | Minimal, bivouac monté à la main |
Accessibilité | Facile depuis M’Hamid | Nécessite un guide et une logistique |
Type d’expérience | Contemplative mais accessible | Introspective, plus brute |
Public idéal | Découverte du Sahara | Voyageur en quête de solitude |
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Conseils pratiques pour bien préparer son séjour à El Mhazil
Partir à El Mhazil, c’est vivre une expérience rare. Mais pour l’apprécier pleinement, mieux vaut bien anticiper. Voici l’essentiel à savoir avant de vous lancer.
Quand partir ?
La meilleure période s’étend d’octobre à avril. Les températures sont supportables, les lumières magnifiques, et le ciel dégagé. Entre novembre et mars, les nuits peuvent être froides (parfois proches de 0 °C), mais c’est aussi la saison idéale pour un bivouac au coin du feu. Évitez les mois d’été : la chaleur rend l’expérience éprouvante et les circuits sont suspendus.
Que mettre dans son sac ?
Optez pour des vêtements légers mais couvrants (lin, coton) pour la journée, et prévoyez une polaire et un bonnet pour le soir. Le désert peut être rude : crème solaire, lunettes de soleil, foulard ou chèche, lampe frontale et une petite trousse de secours sont indispensables. Pensez aussi à un sac souple, plus facile à charger sur un 4×4.
Quel budget prévoir ?
Un circuit classique de 2 jours / 1 nuit au départ de Foum Zguid coûte entre 100 et 130 € par personne, en petit groupe. Cela inclut le transport, le guide, les repas et le bivouac. Pour une expérience sur mesure (en duo ou trek à pied), comptez 150 à 250 € par personne selon la durée et la logistique nécessaire.
Comment réserver ?
Il n’existe aucune offre sur Booking ou GetYourGuide. Pour rejoindre El Mhazil, vous devrez passer par une agence locale (à Foum Zguid ou Tata) ou par recommandation directe. Prenez le temps de contacter les prestataires en amont, posez des questions précises, et demandez des avis ou références. Le sérieux du guide fait toute la différence.
À El Mhazil, le désert reprend sa place. Ici, pas de camp tout confort ni de foule à l’horizon. Juste vous, le sable, le vent, et un feu que l’on allume au coucher du soleil. Ce n’est pas une excursion. C’est une retraite, un dépouillement, une reconnexion.
Si vous avez déjà foulé les dunes de Chegaga ou Merzouga, El Mhazil vous offrira une expérience plus rare, plus brute, plus profonde. Et si vous découvrez le désert pour la première fois, c’est une façon radicale – et inoubliable – d’en saisir l’essence.
Pourquoi ne pas envisager un circuit combiné, mêlant les lacs asséchés d’Iriki, les grands bivouacs de Chegaga, et une nuit sauvage dans le secret d’El Mhazil ? Loin des routes, près du silence. Là où commence le vrai désert.